Le géostockage du CO2 en nappe aquifère
schéma 1 - source BRGM
. Pourquoi ce stockage exploratoire dans notre région ?
Ce pari industriel à hauts risques s'explique par la conjugaison de facteurs locaux, nationaux et européens :
- Restructuration de la plateforme industrielle de Grandpuits (zone SEVESO2) dotée de gazoduc et d'oléoduc, d'un embranchement ferroviaire ;
- Valorisation de terrains pollués ;
- Création éventuelle d'emplois ;
- Valorisation des connaissances géologiques locales de TOTALEnergies et de Vermillon ;
- Valorisation du forage dérogatoire pour l'élimination des effluents non traités de l'usine d'engrais dans la nappe du Dogger à 1 850 m de profondeur ;
- Inscription de l'Etat français dans le projet Pilotstrategy (recherche de stockages terrestres) de l'Union européenne ;
- Réponse à l'appel à manifestation d'intérêt du gouvernement français.
Lors de cette phase, nous n'observons aucune concertation ni avec les collectivités locales, ni avec les habitants. Mais vous avez tous vécus les sondages sismiques qui ont ébranlés nos habitations, nos territoires.
. Comment stocker le CO2 en souterrain sous nos villes, villages, hameaux, entreprises, maisons ?
Grandpuits se situe au coeur du bassin parisien (coupe ci-dessous) :
schéma 2 - source BRGM
Premier scénario : Grandpuits
C'est pourquoi ils choisissent de stocker le CO2 supercritique (environ 80°C / 180 bars) dans la nappe du Dogger à 1 850 m de profondeur (cf. coupe du bassin parisien) sur le site de Grandpuits. Le projet vise la zone voisine de la plus basse (Montfermeil) car la pression s'accroît avec la profondeur pensant jouir d’une capacité de stockage de CO2 maximale.
Ils veulent tirer parti des anciens forages pétroliers appeler à cesser toute exploitation en 2030 (cf. schéma n°1). Mais une série de problèmes apparaissent d’où une nouvelle version du projet.
Second scénario : hors zone SEVESO
Les contraintes réglementaires et le forage existant de l'usine d'engrais, source de fuites, justifient l'abandon du périmètre SEVESO2 de Grandpuits. Le nouveau forage d'injection de CO2 éviterait les forêts et les agglomérations. Il se situerait cependant dans le carré de 10 km x 10 km centré sur Grandpuits.
schéma 3 - source BRGM
Les porteurs du projet se maintiennent sur Grandpuits car il voit converger oléoducs et gazoducs vers la raffinerie et l'usine d'engrais. L'idée est qu’après une phase exploratoire, ils envisagent d’accroître considérablement le volume injecté de CO2 en créant un large bassin d’approvisionnement y compris de l’étranger.
De nouveaux problèmes surgissent :
- Les collectivités locale se posent quatre questions :
. Les créations d’emploi : peu, système automatisé au maximum ;
. La détérioration des infrastructures de transport par des flux routiers colossaux ;
. Une incertitude sur les retombées financières locales.
. La réticence des élus des communes potentiellement concernées par ce scénario.
- La population locale se pose six questions :
. La fiabilité du projet : absence de retour d’expérience car c’est un prototype en zone terrestre, risques de fuites mortelles dans un rayon de dizaines de km ;
. Incompatibilité avec la zone SEVESO2 : effet domino avec le stockage de nitrate d’ammonium (AZF Toulouse) ;
. Dégradation de l’environnement : la Seine et Marne = GRANDE POUBELLE DE L’ILE-DE-FRANCE ;
. Risque de fuites : les forages géothermiques exploitant la chaleur du Dogger, les anciens forages pétroliers mal rebouchés sont aussi des sources potentielles d'évacuation du CO2 vers l'air libre.
. Les bilans énergétique et CO2 du captage, du transport et du stockage relativisent le bilan CO2 du projet ;
. Le projet ne prend pas en compte les effets physico-chimiques ni sur les couches géologiques, ni sur les failles : risques de séismes ;
. Le projet considère comme négligeable la vitesse de circulation de l’eau dans la nappe (schéma ci-dessous) : n’oublions pas que l’eau de la nappe du Dogger alimente les captages des régions périphériques du bassin parisien (Normandie, Poitou-Charente, Est de la France).
schéma 4 - source Préfecture de Seine-et-Marne / commission de suivi de site de Grandpuits
Les remarques pertinentes de la population confirment notre volonté de rejeter le projet exploratoire de stockage de CO2 sous notre territoire. Pour approfondir ces questions voir "Les risques des géostockages de gaz" de la page d'accueil.
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