Le risque ressource en eau

Réserves d’eau douce par excellence, les nappes fournissent de l’eau potable, de l’eau pour irriguer les cultures ou alimentent les cours d’eau à leur source ou au fil de leur cours. Parfois composées d’eau saumâtre ou salée, elles peuvent alors alimenter les bassins d’aquaculture.[1]

Le BRGM est conscient des impacts d'un stockage de CO2 sur la ressource en eau [4] : "Ces impacts potentiels concernent non seulement l'aquifère salin utilisé pour le stockage mais également les aquifères sus-jacents ou voisins. L'augmentation de pression induit par l’injection du CO2 peut entraîner des modifications des écoulements souterrains (impact hydrodynamique). Ces modifications peuvent conduire à une migration de saumure de l'aquifère salin ou d'autres formations vers des aquifères d'eau douce. Dans le cas d’une défaillance d’un site de stockage géologique (fuite), le CO2 et la saumure profonde peuvent migrer à l’extérieur du complexe de stockage soit verticalement, soit latéralement et avoir un impact hydrochimique".

L'eau de la nappe du Dogger contient un certain nombre de polluants dont les concentrations varient selon la localisation. Elle n'en demeure pas moins très utilisée dans de nombreuses régions en irrigation ou en production d'eau potable après traitement.

En Vendée, la nappe du Dogger est contenue dans les séries calcaires du Jurassique moyen. Dans la plaine de Luçon-Fontenay, une zone réservoir de 1 à 2 km de largeur a été mise en évidence en bordure du Marais Poitevin, avec une partie en nappe captive sous le « bri » flandrien. L’ensemble de la plaine calcaire constitue son bassin d’alimentation, soit près de 500 Km2. Seule la zone réservoir est exploitable avec des débits variables selon la fracturation de la roche, mais pouvant atteindre des débits importants (jusqu’à 300 m3/h). En période de hautes eaux, cette nappe déborde par surverse sur le marais mouillé du Marais Poitevin.[1]

L'irrigation est de loin l’utilisation la plus importante des eaux souterraines dans le Département de la Vendée, notamment dans le Sud du département. Près de 400 forages d’exploitation ont été réalisés depuis 1973 dans la plaine de Luçon-Fontenay, sollicitant les nappes de Dogger et du Lias inférieur.[1]

Quant à l'alimentation en eau potable, la nappe du Dogger est exploitée par la Ville de Fontenay-le-Comte (captage du Gros Noyer), et par le Syndicat des Sources de l’Arkanson à Thouarsais-Bouildroux.[1]

A l'Est du Bassin Parisien, un certain nombre d'émergences existent à des niveaux différents du Dogger. La productivité des forages dans ces formations fissurées et karstiques est extrêmement variable. De ce fait, peu d'ouvrages importants ont été tentés. Les eaux de cet aquifère sont principalement utilisées pour les besoins en eau potable (2/3) au niveau du plateau calcaire et du pied de côte. Elles sont également transférées à des collectivités de la plaine de la Woëvre à l'Ouest et de la vallée de la Moselle à l'Est.[2]

Nous avons vu que d'autres régions puisent également dans la nappe du Dogger pour de nombreux usages de l'eau dans la partie "perméabilité" de la page d'accueil. On peut dès lors s'étonner que la seule entreprise autorisée à rejeter ses effluents polluants dans la nappe du Dogger se situe à Grandpuits [3]:

"Il convient de noter que les puits au Dogger exploités à des fins géothermiques présentent au moins autant de risques de communication inter-nappes ou de pollution des nappes utilisées pour l'alimentation en eau potable que l'exploitation du puits d'injection de GPN. (...) Les effluents qui présentent une salinité de l'ordre de 6 700 kg/j, sont constitués principalement de nitrates, chlorures, sulfates, ammonium et sodium. (...) Les flux de matières en suspension (MES) et de phosphore ont augmenté. (...) La nappe du Dogger n'étant pas exploitable pour l'alimentation en eau potable ou agricole compte tenu de la salinité, l'impact de l'injection de l'effluent sur la santé humaine ne peut-être qu'indirect au niveau des transferts inter-nappes. (...) Dans tous les cas, outre son intérêt écologique, la solution du maintien du rejet dans le Dogger apparaît comme la solution qui présenterait également le coût le moins élevé." [3]

Cette entreprise de production d'engrais azotés a de nombreuses fois changé de nom depuis Georges Claude et AZF Toulouse : GPN est devenue BOREALIS, puis LAT Nitrogen France SAS aujourd'hui. Toujours est-il que l'arrêté d'autorisation d'exploiter permettant ces rejets d'effluents pollués dans le Dogger est toujours actif.

D'autres rejets de polluants en surface dans des cours d'eau en contact avec la nappe du Dogger participent aussi à sa pollution. Capter un polluant de l'air, le CO2, pour le transférer vers le Dogger contribuera à son acidification : les réactions avec les roches en contact ne sont pas déterminées et les polluants émis non précisés.

Manifestement le développement de l'effet de serre de la planète va se poursuivre et le manque de ressource en eau associé aussi : les pénuries d'eau auront pour conséquence un développement des prélèvements pour l'eau potable et l'irrigation dans la nappe du Dogger. Il ne peut être question d'envisager des injections de CO2 pollué dans cette nappe et de contribuer à son acidification aux conséquences non maîtrisées.

Puisque le Gouvernement et l'U.E. semblent disposer de fonds pour financer du stockage de CO2 à hauts risques et inutile, nous suggérons plutôt le financement du prolongement du canal du Bas-Rhône Languedoc jusqu'aux Pyrénées Orientales afin de supprimer les pénuries d'eau de ce département. Il est grand temps en effet de sortir des discours larmoyants s'apitoyant sur une bien triste situation pour passer à des réalisations concrètes pour aider nos concitoyens : l'enfouissement CO2 de Grandpuits ne résoud absolument pas le problème de l'effet de serre, l'argent des contribuables peut trouver de bien meilleures utilisations.

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